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Santé et changements climatiques

APERÇU

Le rapport 2019 du Lancet Countdown on Health and Climate Change indique que le secteur de la santé est responsable d’environ 4,6 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Dans le premier numéro de SoinsSantéCAN destiné aux membres en 2020, nous examinons le rapport 2019 du Lancet Countdown afin d’aider les hôpitaux et les organisations de santé à faire la transition vers un avenir plus vert. Cette analyse fait suite à notre mémoire prébudgétaire concernant les soins de santé écologiques, qui constituent la pièce manquante de la réponse du Canada aux changements climatiques.

SITUATION ACTUELLE

Les changements climatiques constituent l’une des plus grandes menaces auxquelles notre monde est confronté aujourd’hui. La dernière décennie a été la plus chaude de l’histoire et les climatologues ne sont guère optimistes quant à la fin prévisible de la hausse record des températures mondiales. Nous sommes témoins ou avons vécu des ravages causés par la crise climatique – vagues de chaleur, incendies, inondations, tempêtes violentes – et nous pouvons apprécier l’impact qu’elle aura sur le système de santé canadien.

L’Organisation mondiale de la santé considère les changements climatiques comme la plus grande menace pour la santé humaine au XXIe siècle. L’aggravation de la pollution de l’air, par exemple en raison des incendies, devrait exacerber la fréquence et la gravité des crises d’asthme et d’autres maladies respiratoires. En 2016, 2,9 millions de décès prématurés ont été attribués à la pollution de l’air dans le monde.

Rien qu’au Canada, la pollution atmosphérique est responsable d’environ 14 000 décès prématurés chaque année. Dans l’Arctique canadien, la fonte du pergélisol menace de perturber l’accès aux aliments traditionnels autochtones et de compromettre une sécurité alimentaire déjà précaire. Sans oublier que dans un monde en réchauffement, nous pouvons nous attendre à une prévalence croissante des troubles de l’humeur et du stress associés à la perte de domiciles, de communautés et de moyens de subsistance en raison de phénomènes météorologiques extrêmes.

Les changements climatiques ont été un enjeu majeur pour les électeurs lors des élections fédérales de 2019. La plupart des grands partis ont placé l’action climatique au coeur de leur programme. Le gouvernement libéral a largement fait référence à la nécessité de lutter contre la crise climatique dans le discours du Trône. Néanmoins, le Canada n’est pas en mesure de respecter l’engagement de réduction des émissions qu’il a pris pour 2030 dans le cadre de l’Accord de Paris, c’est-à-dire de maintenir la hausse des températures mondiales bien en dessous de 2 °C.

Les décideurs politiques doivent comprendre que pour que le Canada puisse respecter ses engagements au titre de l’Accord de Paris, le secteur de la santé doit jouer un rôle essentiel.

Selon le rapport 2019 du Lancet Countdown on Health and Climate Change, le secteur de la santé est responsable d’environ 4,6 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Si nous isolons les hôpitaux de l’équation, d’un point de vue national, ils représentent collectivement plus de 5 % de l’empreinte de gaz à effet de serre du Canada, ce qui en fait les établissements publics les plus énergivores du pays. Cette situation est attribuable en grande partie à la taille du secteur et au fait que le système de santé, principalement les hôpitaux, fonctionne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par année, souvent au maximum de sa capacité ou au-delà.

Le rapport de 2019 du Lancet Countdown décrit un avenir – si aucune mesure ou des mesures minimales ne sont prises – où un enfant né aujourd’hui vivra dans un monde qui sera plus chaud de plus de 4 °C que la moyenne préindustrielle. Comme nous l’avons mentionné précédemment, des vies humaines seront touchées par l’insécurité alimentaire et la sous-alimentation, les maladies infectieuses, la pollution atmosphérique, les vagues de chaleur, ainsi que par l’augmentation de la fréquence et de la gravité des catastrophes naturelles. La crise climatique aura un impact sur la santé humaine, de la petite enfance et de l’adolescence à l’âge adulte et à la vieillesse, et le système de santé, déjà surchargé, sera soumis à une pression croissante et écrasante.

Le rapport 2019 du Lancet Countdown souligne que l’adaptation aux changements climatiques est essentielle, même avec les efforts d’atténuation les plus ambitieux. Le rapport indique que si la nécessité d’une adaptation sanitaire aux changements climatiques est généralement reconnue et qu’un nombre croissant de pays produisent des documents fondés sur des données probantes pour influencer la définition des priorités stratégiques, les décisions de financement fondées sur des faits et des chiffres restent problématiques.

Les efforts d’adaptation aux changements climatiques et d’atténuation de leurs effets contribueront à réduire les effets du réchauffement climatique sur la santé, ainsi que l’empreinte carbone du secteur de la santé. En effet, comme le souligne le rapport 2019 du Lancet Countdown, placer la santé au centre de l’action climatique rapportera d’énormes dividendes pour le public et l’économie. Il s’agit notamment d’un air plus pur, de régimes alimentaires plus sains et végétariens, d’une amélioration du transport actif et, par conséquent, d’importantes économies en matière de soins de santé.

IMPLICATIONS

SoinsSantéCAN estime que les soins de santé écologiques sont une pièce manquante majeure dans les efforts du Canada pour atténuer les changements climatiques et s’y adapter. Pourtant, les hôpitaux canadiens vieillissants et surchargés restent en grande partie non admissibles aux fonds fédéraux pour les infrastructures, y compris les fonds spécialement destinés à réduire les émissions de carbone du Canada. Plus encore, bien qu’ils soient considérés comme des « infrastructures critiques », c’est-à-dire des infrastructures essentielles à la santé, à la sûreté, à la sécurité et au bien-être économique des Canadiens, les hôpitaux ne sont pas non plus admissibles aux fonds d’infrastructures critiques, notamment dans le cadre du Fonds d’atténuation et d’adaptation en matière de catastrophes.

Ainsi, en appui au thème prébudgétaire fédéral de 2020, L’urgence climatique : la transition requise vers une économie faible en carbone, SoinsSantéCAN a formulé trois recommandations qui portent sur la réduction du carbone, l’atténuation des changements climatiques et l’adaptation à ceux-ci, la croissance économique et la santé des Canadiens.

HÔPITAUX ET ENVIRONNEMENT

Assurer des conditions de concurrence équitables en permettant aux hôpitaux et aux organismes de santé d’être admissibles à participer directement aux programmes de financement fédéraux, tels que les programmes d’infrastructure verte et d’innovation.

FINANCER LE COÛT TOTAL DE LA RECHERCHE

Accroître les investissements en sciences pour couvrir la totalité des coûts de la recherche et permettre aux hôpitaux de recherche et aux organismes de santé du Canada de développer de nouvelles connaissances, notamment en ce qui concerne les effets des changements climatiques sur la santé.

MISER SUR LES PLATES-FORMES DE SANTÉ ET DE DONNÉES NUMÉRIQUES

Investir dans les plates-formes de santé et de données numériques dans les hôpitaux de recherche et les organismes de santé du Canada pour améliorer les soins aux patients et soutenir les efforts d’atténuation des changements climatiques.

SoinsSantéCAN est fier d’être signataire, aux côtés de 22 autres organisations nationales de santé de l’Appel à l’action concernant le changement climatique et la santé. L’Appel à l’action exhorte les partis politiques fédéraux à « élaborer des plans d’action de lutte contre le changement climatique efficaces et fondés sur des données probantes qui démontrent comment le Canada réalisera les réductions d’émissions nécessaires pour contribuer de façon équitable à ramener le réchauffement planétaire sous la barre de 1,5 °C ». Dans cette optique, les décideurs politiques du Canada ne peuvent continuer à négliger la contribution que les hôpitaux et les organisations de santé peuvent apporter au respect de nos engagements dans le cadre de l’Accord de Paris.