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Favoriser l’inclusion des prestataires de soins de santé en situation de handicap : Incidences pour les membres de SoinsSantéCAN

LA QUESTION

Les prestataires de soins de santé en situation de handicap sont des membres appréciés des établissements de soins au Canada. Malheureusement, certains obstacles systémiques et institutionnels nuisent à leur pleine inclusion. Dans le présent document, nous examinons quelques études qui portent sur l’importance de promouvoir l’égalité des chances pour les prestataires de soins de santé handicapés dans les hôpitaux et les centres universitaires des sciences de la santé.

DÉFINITIONS DE L’INCAPACITÉ ET DU HANDICAP

La définition la plus largement reconnue de l’incapacité est fournie par l’Organisation mondiale de la santé (2013) :

« L’incapacité est un terme générique qui couvre les handicaps, les limitations de l’activité et les restrictions à la participation. Un handicap est un problème dans une fonction ou structure d’un organisme; une limitation d’activité est une difficulté rencontrée par un individu qui souhaite exécuter une tâche ou une action; tandis qu’une restriction à la participation est un problème empêchant un individu de s’engager pleinement dans les situations de la vie courante1. »

La Loi canadienne sur l’accessibilité (2019) définit quant à elle le handicap comme suit : « déficience notamment physique, intellectuelle, cognitive, mentale ou sensorielle, trouble d’apprentissage ou de la communication ou limitation fonctionnelle, de nature permanente, temporaire ou épisodique, manifeste ou non et dont l’interaction avec un obstacle nuit à la participation pleine et égale d’une personne dans la société2 ».

Il n’existe pas une définition unique de l’incapacité, parce qu’elle peut être une expérience complexe et qu’elle varie selon les cas.

SITUATION ACTUELLE

En vertu de la Commission canadienne des droits de la personne, les employeurs ont l’obligation de prendre des mesures d’adaptation selon les besoins des personnes ayant un handicap pour leur assurer l’égalité des chances. Tous les prestataires de soins directs dans les hôpitaux et les organisations de soins de santé peuvent faire face à des obstacles structurels découlant d’un manque de politiques et de procédures, d’adaptations cliniques et de services de soutien. Toutefois, les médecins sont confrontés à des obstacles supplémentaires, car ils ne sont pas toujours des employés des établissements dans lesquels ils travaillent.

L’importance de représenter les médecins en situation de handicap

Selon l’Enquête canadienne sur l’incapacité de 2017, plus de 6 millions de Canadiens âgés de 15 ans et plus s’identifient comme ayant un handicap3. Les résultats d’un récent sondage aux États-Unis révèlent que 3,1 % des médecins s’identifient comme ayant un handicap4. Malheureusement, il y a très peu de données disponibles sur le nombre de médecins en situation de handicap au Canada.

Une grande partie de la littérature sur les prestataires de soins en situation de handicap et sur l’inclusion porte sur les médecins. Dans un article publié en 2016 dans Medicine and Society, l’auteure, la Dre Lisa Lezzoni, expose les raisons pour lesquelles une augmentation du nombre de médecins en situation de handicap pourrait améliorer les soins aux patients handicapés5.

Du point de vue des patients, une plus grande représentation des prestataires handicapés dans le domaine médical est susceptible d’améliorer les résultats et les expériences cliniques. Les médecins handicapés pourraient orienter les améliorations à apporter à la qualité des soins de santé prodigués aux personnes handicapées. Dans l’ensemble, ces contributions pourraient entraîner une diminution de la stigmatisation, une plus grande compétence culturelle ou une compréhension empathique des expériences de handicap.

Adaptations raisonnables

Les données d’une étude publiée dans l’AMA Journal of Ethics suggèrent que les personnes ayant un handicap physique, cognitif ou sensoriel se heurtent à d’importants obstacles lors de leur inscription dans les programmes du domaine de la santé et dans tout le parcours menant à la fin de leurs études6. De plus, les médecins qui développent des incapacités après avoir terminé leurs études ont souvent de la difficulté à obtenir les adaptations appropriées sur leur lieu de travail, car ils ne sont généralement pas des employés de l’établissement dans lequel ils travaillent. Sans un soutien politique, ils risquent de quitter la pratique clinique pour occuper d’autres postes non cliniques.

L’Hôpital d’Ottawa (L’HO) a récemment identifié des possibilités de politiques additionnelles pour les médecins handicapés, qui concordent bien avec les objectifs des mandats visant à assurer le mieux-être des médecins et l’équité, la diversité et l’inclusion (EDI). Le Comité consultatif médical a appuyé et adopté à l’unanimité un énoncé de position concernant les médecins handicapés (voir l’Annexe A). L’énoncé comprend des recommandations visant à promouvoir l’adaptation et à offrir aux médecins handicapés des chances égales.

Grâce à ces recommandations, il est désormais possible d’élaborer des politiques d’adaptations raisonnables qui permettront aux médecins en situation de handicap d’exercer leur profession d’une manière sécuritaire et valorisée. Les adaptations raisonnables peuvent prendre diverses formes : accès physique aux lieux, restructurations des emplois ou des horaires de travail; ajustement des procédures de formation et acquisition d’appareils fonctionnels (p. ex., des tables d’examen à hauteur ajustable).

INCIDENCES

Les hôpitaux, les organisations de soins de santé et les centres universitaires de sciences de la santé qui s’engagent dans une démarche d’amélioration de la diversité et de l’inclusivité dans leurs environnements peuvent prendre certaines mesures. Ils peuvent notamment mettre en place des stratégies visant à éliminer les obstacles pour les prestataires de soins handicapés et reconnaître les défis auxquels ils sont confrontés.

Il leur est conseillé d’avoir les soutiens adéquats en place pour réduire les obstacles et aplanir les difficultés que rencontrent les médecins handicapés. Ces soutiens peuvent être des personnes compétentes en matière d’adaptations raisonnables qui facilitent le processus ou encore des programmes de mentorat7. Les organisations de soins de santé doivent également favoriser un sentiment d’appartenance à la communauté et sensibiliser les parties prenantes à l’importance de soutenir les prestataires de soins handicapés. Pour un supplément d’information sur l’embauche de personnes en situation de handicap, veuillez consulter le site Web sur les Campagnes et activités promotionnelles d’Emploi et Développement social Canada.

Pour planifier les besoins futurs du système de santé, il faut s’appuyer sur des données. Or, le Canada ne dispose pas des données démographiques de base sur sa main-d’œuvre en santé, y compris des données sur les prestataires des soins de santé, dont les médecins qui s’identifient comme ayant un handicap. Pourtant, ces données sont importantes pour comprendre les gens qui travaillent dans notre système et déterminer les politiques dont nous avons besoin pour soutenir les travailleurs de la santé dans leur carrière. SoinsSantéCAN invite le gouvernement fédéral à mettre en place une stratégie nationale de planification de la main-d’œuvre en santé visant à recueillir des données sur la main-d’œuvre et à élaborer des solutions pour remédier à la pénurie de travailleurs des soins de santé et s’attaquer aux facteurs qui nuisent au recrutement et à la rétention.

PROCHAINES ÉTAPES

SoinsSantéCAN souhaite avoir le point de vue de ses membres pour mieux cerner ces enjeux. Nous collaborons actuellement avec L’Hôpital d’Ottawa en appui à sa démarche visant à favoriser l’inclusion des médecins handicapés. Si votre organisation désire nous donner de l’information sur les mesures qu’elle prend pour soutenir les prestataires de soins et les médecins en situation de handicap, veuillez communiquer avec Emily Follwell ou Jonathan Mitchell.

REMERCIEMENTS

SoinsSantéCAN désire remercier la Dre Kathleen Gartke, médecin principal à L’Hôpital d’Ottawa et professeure adjointe à la division de la chirurgie orthopédique, Département de chirurgie, Université d’Ottawa; la Dre Camille Munro, directrice de l’équité, de la diversité et de l’inclusion, Département de médecine, et professeure adjointe à la division de médecine palliative, Département de médecine, Université d’Ottawa; et le Dr Michael Quon, chargé d’enseignement à la division de médecine interne générale, Département de médecine, Université d’Ottawa, pour avoir soulevé cette importante question et pour leur contribution.

RÉFÉRENCES
  1. Gouvernement du Canada (2013). Guide fédéral de référence sur l’incapacité. Récupéré de : https://www.canada.ca/fr/emploi-developpement-social/programmes/invalidite/cra/guide-reference.html
  2. Loi canadienne sur l’accessibilité (L.C. 2019, ch.10). Ottawa : Site Web de la législation (Justice); 2019. Récupéré de : https://laws-lois.justice.gc.ca/fra/lois/a-0.6/page-1.html
  3. Gouvernement du Canada (2022). Bâtir un Canada accessible pour les personnes en situation de handicap. Récupéré de : https://www.canada.ca/fr/emploi-developpement-social/programmes/canada-accessible.html
  4. Nouri, Z., Dill, M.J., Conrad, S.S., et al. (2021). Estimated Prevalence of US Physicians with Disabilities. JAMA Netw Open. 4(3): e211254.
  5. Lezzoni, L. (2016). Why increasing numbers of physicians with disability could improve care for patients with disability. AMA J Ethics. 18(10): 1041-1049.
  6. Waliany, S. (2016). Health professionals with disabilities: motivating inclusiveness and representation. AMA J Ethics. 18(10):971-974
  7. Stanford Medicine. (2021). Creating a community of medical workers with disabilities. Récupéré de : https://scopeblog.stanford.edu/2021/04/07/creating-a-community-of-medical-workers-with-disabilities/
ANNEXE A : ÉNONCÉ DE POSITION DE L’HÔPITAL D’OTTAWA (anglais)