Remarques par Paul-Émile Cloutier, président et chef de la direction de SoinsSantéCAN (16 février 2022)
Merci, Monsieur le président, membres du Comité et collègues.
Merci beaucoup de cette occasion de m’adresser à vous aujourd’hui. Je suis accompagné de ma collègue Elaine Watson, qui est la directrice des ressources humaines à Covenant Health en Alberta, l’un des plus grands établissements catholiques de soins de santé au pays. Mme Watson est coprésidente du Comité consultatif des ressources humaines en santé de SoinsSantéCAN. Elle sera disponible pour répondre à vos questions.
Comme président et chef de la direction de l’organisation nationale qui représente les hôpitaux, les instituts de recherche en santé et les organisations de soins de santé, j’entends constamment des dirigeants du secteur de la santé de la grandeur du pays déplorer leur manque d’effectifs et souligner que c’est là leur principal défi.
C’est un problème sérieux, parce que la prestation des soins de santé est assurée par des individus et les travailleurs des soins de santé sont le fondement de notre système de santé. Je félicite le Comité d’entreprendre cette étude importante et opportune sur une question qui a été négligée pendant trop longtemps.
Les travailleurs de la santé ne sont pas seulement les infirmières, les médecins et les travailleurs auxiliaires. Ce sont aussi les employés de soutien, de garde et d’administration, les chercheurs, les techniciens de laboratoire et les équipes de direction qui travaillent dans le système de santé. Toutes ces personnes sont nécessaires pour assurer le bon fonctionnement du système et la prestation de soins de qualité à la population canadienne. Lorsque nous cherchons à élaborer des solutions aux problèmes d’effectifs du secteur de la santé, nous devons tenir compte de toutes ces personnes plutôt que d’adopter une approche cloisonnée, par profession.
Le surmenage et l’épuisement professionnel d’un trop grand nombre d’employés du secteur de la santé en raison de la pandémie ont rendu critique une situation déjà précaire. Il y a actuellement de nombreux postes vacants dans le pays et dans tout le système et on peut s’attendre à ce qu’il y en ait encore plus lorsque la pandémie sera terminée, car bien des travailleurs de la santé décideront de prendre une retraite hâtive, d’occuper des postes moins exigeants dans le système de santé ou de quitter complètement le système.
Alors que les vagues successives de la pandémie ont augmenté la demande sur le système, les besoins en soins de santé demeurent, même si le pire de la COVID-19 semble derrière nous. Le système de santé est toujours aux prises avec une demande accrue, car les travailleurs de la santé s’efforcent de rattraper les retards dans les interventions médicales, de soigner les gens qui ont retardé des traitements et qui sont donc plus malades, et de traiter une population qui vit plus longtemps, mais avec des conditions plus complexes et plus chroniques.
Nous devons repenser tout notre système de santé et la résolution des problèmes d’effectifs doit être au cœur de cette démarche pour renforcer la résilience du système et nous assurer qu’il puisse répondre aux besoins de la population en matière de soins.
Nous avons besoin de solutions innovantes à court et à long terme pour répondre aux préoccupations relatives aux effectifs du secteur de la santé. Il est crucial de pouvoir compter sur la bonne combinaison et le bon nombre de travailleurs de la santé, au bon endroit et au bon moment, pour répondre aux besoins de toute la population canadienne. SoinsSantéCAN recommande au gouvernement fédéral de prendre les mesures suivantes :
- Améliorer le processus d’immigration pour mieux tirer parti des compétences des nouveaux arrivants et pour aider à répondre aux besoins actuels du système de santé à court et à moyen terme;
- Collaborer avec les autres ordres de gouvernement, les organismes de réglementation des professions et les établissements d’enseignement pour accroître le nombre de professionnels de la santé formés au Canada qui occupent les bons postes pour répondre aux besoins à long terme;
- Collaborer avec les gouvernements provinciaux et territoriaux et les organisations de soins de santé de tout le pays pour soutenir la santé, le bien-être, la sécurité et la résilience des effectifs du secteur de la santé. Cette mesure pourrait inclure une hausse des investissements fédéraux dans la recherche en santé et en bien-être mentaux, ainsi que dans des programmes et des ressources s’adressant spécifiquement aux travailleurs de la santé;
- Mettre en place un organisme pancanadien sur les effectifs du secteur de la santé et le charger de la collecte de données stratégiques et normalisées, de la recherche et de la planification en cette matière, pour nous aider à mieux comprendre les effectifs actuels et les besoins futurs. Cet organisme pourrait travailler avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, les organismes de réglementation et les intervenants des soins de santé et utiliser les renseignements recueillis pour élaborer et mettre en œuvre des stratégies visant à régler les problèmes systémiques relatifs aux effectifs du secteur de la santé.
Le défaut d’agir dès maintenant entraînera une diminution de la qualité des soins, une augmentation des temps d’attente et une aggravation des résultats.
Les Canadiens et les Canadiennes ont besoin d’un leadership fédéral pour régler ces problèmes en collaboration avec les provinces, les territoires et les intervenants du secteur de la santé.
Mme Watson et moi serons maintenant heureux de répondre à vos questions.
Merci.